ATTAC Maroc, membre du Réseau International du Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes – CADTM, (ATTAC CADTM Maroc) a organisé les 25, 26 et 27 avril 2025, au siège de la Fédération Nationale de l’Enseignement – Tendance Démocratique à Rabat, sa 19ème Université de Printemps sous le thème : « 25 ans d’éducation populaire et de soutien aux résistances : poursuivons la lutte pour la liberté et la justice sociale ».
Cette université a été précédée par des journées « portes ouvertes », du 21 au 24 avril, dédiées à la communication et à la présentation des réalisations de l’association dans le domaine de l’éducation populaire ainsi que de son engagement dans les luttes sociales et les mouvements populaires.
L’Université de Printemps a constitué un espace d’expression de solidarité avec le peuple palestinien et de rejet de la normalisation. Ce thème a été au cœur de la conférence inaugurale, tenue le vendredi 25 avril sous le titre : « Davantage de solidarité avec le peuple palestinien contre le sionisme : intensifions la lutte contre la normalisation ».
La conférence d’ouverture a réuni Mohamed Allouch, secrétaire général de l’Union de la Lutte des Travailleurs Palestiniens, Soumaya Bouabdellah,membre du mouvement BDS Maroc, ainsi que Younes El Haboussi de l’association ATTAC Maroc.
Environ 100 participant·e·s ont assisté à l’événement, qui a constitué un moment médiatique marquant. Cela s’explique par le contexte exceptionnel que traverse la cause palestinienne, avec la poursuite de la guerre génocidaire menée par le sionisme dans la bande de Gaza, et les protestations du peuple marocain contre le transit via les ports de Tanger et Casablanca d’équipements militaires destinés à l’armée d’occupation.
L’Université a offert un espace d’échange d’expériences et d’idées à travers deux ateliers organisés le samedi 26 avril, auxquels ont participé environ 50 personnes. L’ambiance y était marquée par une forte détermination militante, stimulée par une présence significative de femmes — représentant la moitié des participant·e·s — ainsi que par une participation dynamique de la jeunesse.
Le premier atelier était centré sur le soutien aux luttes des femmes en première ligne des mouvements populaires au Maroc. Il a réuni des représentantes du Hirak de Figuig contre la privatisation des ressources en eau de l’oasis, des travailleuses de l’usine Sicomec en lutte depuis des mois contre les licenciements abusifs et pour leurs droits fondamentaux, ainsi que des ouvrières agricoles de Chtouka Aït Baha revendiquant de meilleures rémunérations et la stabilité de l’emploi. Ce sont là des exemples clairs de la résistance des femmes face aux politiques néolibérales, et de leur résilience malgré la répression.
Le second atelier portait sur la destruction des services publics dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Il s’est tenu en présence de représentantes et représentants du mouvement des étudiant·e·s en médecine, pharmacie et médecine dentaire, mobilisés pour défendre le caractère public, gratuit et de qualité de la formation médicale, ainsi que de la coordination des enseignant·e·s dit·e·s « contractuel·le·s », en lutte contre le système de contractualisation et pour la défense de la fonction publique.
Les discussions ont mis en lumière le lien étroit entre la normalisation avec le sionisme et les politiques néolibérales. Elles ont souligné la nécessité d’unifier les luttes contre la normalisation et les mobilisations en défense des services publics, tout en œuvrant à développer un mouvement féministe populaire organisé et enraciné dans les luttes.
La séance de clôture a été consacrée à la présentation des conclusions de la discussion sous forme de recommandations :
Lutte contre la normalisation
- Renforcer l’implication dans toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien et de rejet de la normalisation dans tous les domaines, en mettant en évidence le lien avec les différentes luttes sociales et mouvements populaires en cours dans notre pays.
- Étendre les campagnes de boycott des entreprises, institutions et autres acteurs impliqués dans le soutien au projet sioniste génocidaire et qui en tirent profit (comme la campagne de boycott de Carrefour), et s’opposer à la normalisation académique, culturelle et artistique à travers des campagnes et actions de terrain (campagnes « universités ou villes sans normalisation », radios web, etc.), en élargissant la mobilisation pour inclure les élèves et étudiants via les clubs scolaires et les associations éducatives.
- Généraliser une éducation populaire continue visant à dénoncer la normalisation et les dangers de l’infiltration des intérêts sionistes dans notre pays, en exposant la nature du sionisme et en le liant à l’impérialisme, au capitalisme et à la tyrannie. Relier la lutte pour la cause palestinienne à celle pour la liberté, la démocratie et la justice dans notre pays, et encourager des campagnes médiatiques via divers supports.
- Intensifier la mobilisation pour commémorer la Nakba le 15 mai prochain.
Soutien aux luttes des femmes
- Créer un espace de coordination entre les différentes expériences de lutte des femmes, et renforcer les passerelles de communication ainsi que les mécanismes de solidarité (caravanes, campagnes de soutien matériel, etc.).
- Développer des campagnes médiatiques dédiées à mettre en valeur les luttes des femmes et à élargir la solidarité à leur égard dans la presse, sur les sites Internet, les réseaux sociaux, etc.
- Faire face à l’offensive idéologique contre les femmes à travers une éducation populaire qui vise à sensibiliser sur les racines de leur oppression, analyser la réalité de leur exploitation (ex. : travailleuses domestiques), et proposer des formations ciblées sur les aspects juridiques et autres.
- Recenser tous les mouvements populaires marqués par une forte participation féminine et œuvrer à une coordination militante entre eux et avec les organisations féministes, tout en encourageant les plus sérieuses à s’impliquer activement dans les luttes en cours.
- Développer un mouvement féministe enraciné dans la société, et des alternatives féministes concrètes émanant de la base.
Résistance à la destruction des services publics
- S’inspirer des leçons des expériences de lutte passées et œuvrer à leur partage, qu’il s’agisse des revendications, de la gestion des luttes, des négociations ou de la solidarité.
- Déconstruire l’offensive idéologique contre le service public, en l’inscrivant dans la logique globale de la privatisation néolibérale, à travers la généralisation de l’éducation populaire, l’organisation de rencontres formatives dans certaines régions, et l’encouragement à créer et diversifier des espaces de formation dans les quartiers populaires.
- Élargir nos revendications en matière de services publics (par exemple, l’accès à l’eau potable ou les services de transport scolaire), les formes de défense (lutte, action juridique, etc.), ainsi que leur horizon stratégique (gratuité, qualité des services publics, et mise en place d’un contrôle populaire).
- Encourager toutes les formes de mise en réseau entre les coordinations actives dans le secteur public (par exemple, ateliers communs entre les coordinations des étudiant·e·s en médecine et pharmacie, et celles du secteur de l’éducation).
Rabat, le 27 avril 2025