Communiqués

Plateforme de l’Université de Printemps d’ATTAC Maroc 19ème édition

A l’occasion du 25ème anniversaire de sa fondation, ATTAC Maroc organise sa 19ème Université de Printemps et ses Journées Portes Ouvertes sous le slogan :

« 25 ans d’éducation populaire et de soutien aux résistances : poursuivons la lutte pour la liberté et la justice sociale ».

Plateforme de l’université de printemps et des portes ouvertes

Depuis le début du XXIe siècle, le Maroc connaît une multiplication des grands projets économiques (Plan Emergence Industrielle, Plan Maroc Vert, etc.) et d’infrastructures (port de Tanger Med, TGV, zones industrielles, projets d’énergie solaire, grandes infrastructures sportives, etc.), qui donnent l’image d’un pays en voie de modernisation, ouvert sur l’extérieur.

Ces projets s’inscrivent dans les politiques prônées par les grandes institutions financières internationales telles que le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale pour favoriser l’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales et dynamiser l’investissement privé, qui ont renforcé la dépendance du pays aux marchés internationaux et augmenté sa dette, entraînant une perte de souveraineté économique, alimentaire et politique. Ces projets s’accompagnent de réformes juridiques qui favorisent la concentration du capital entre les mains d’une minorité au détriment des besoins de la population (déréglementation et flexibilisation du marché du travail, privatisation des services publics et « réforme » du cadre foncier qui permet l’appropriation des terres collectives, de l’eau et des autres ressources). Ce modèle de croissance, basé sur la marginalisation des citoyens et la concentration des richesses, a fait du Maroc le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord.

Cette réalité a donné lieu à de nombreux mouvements populaires et mobilisations sociales visant à défendre des revendications directes ou à s’opposer à l’appropriation de l’eau, des terres et des ressources, comme ce fut le cas des habitant·es de Ben Smim qui ont lutté contre la privatisation de l’eau, des habitant·es d’Ifni pour des revendications sociales (2005 et 2008), ou de la tribu des Ouled Sbita contre l’appropriation des terres. Des mouvements ont également émergé contre la gestion déléguée et la privatisation des services publics, comme la lutte des habitant·es de Tanger contre la société Amendis, des habitant·es de Rabat contre la société Redal, ou des habitant·es de Bouarfa contre les factures d’eau et d’électricité élevées. Dans le contexte de la crise de la hausse des prix à la consommation, des groupes de coordination anti-inflation ont vu le jour dans plus de cinquante villes marocaines en 2006. Ces luttes ont culminé avec le Mouvement du 20 février en 2011, exigeant liberté, dignité et justice sociale. S’ensuivirent de nombreux soulèvements populaires : le Mouvement du Rif en 2016, le Mouvement de Zagora en 2017, le Mouvement de Jerada en 2018, et le Mouvement de Figuig en 2021 contre la détérioration de la situation sanitaire et à partir de novembre 2023 contre le transfert de la gestion de l’eau à une société privée. De nombreuses mobilisations ouvrières et populaires furent également organisées, la plus marquante étant le mouvement des travailleurs de l’enseignement face à l’offensive contre l’éducation en tant que service public. Cette dynamique continue reflète l’échec des politiques libérales à répondre aux besoins fondamentaux des citoyen·nes et leur responsabilité dans l’accumulation de richesses entre les mains du capital local et étranger, le creusement des disparités sociales ainsi que l’appauvrissement d’une fraction toujours plus grande de la population.

Alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe du monde, les initiatives libérales se multiplient, comme par exemple la réorganisation des zones géographiques, l’évacuation de quartiers résidentiels entiers, les investissements massifs qui accentuent l’endettement du pays, le rendant encore plus soumis aux exigences des créanciers et accélérant les attaques contre les acquis : réforme des retraites, promulgation d’une loi encadrant le droit de grève, réduction du soutien au Fonds de compensation, mais aussi libéralisation des taux de change, etc. Les classes populaires supportent le poids de ces politiques à travers la hausse des prix des biens et des services, l’affaiblissement du pouvoir d’achat dû à un salaire minimum bas et le fardeau croissant des coûts de l’éducation des enfants et des soins de santé.

Les mouvements sociaux ont rencontré des difficultés pour atteindre leurs objectifs en raison de leur fragmentation et de l’absence d’une force unificatrice pour coordonner les luttes, malgré la complémentarité des revendications et les possibilités de convergence et d’unification. Ce sont ces obstacles qu’il faut lever à un moment où l’État intensifie ses attaques contre les libertés individuelles, politiques et syndicales, criminalise toute forme de protestation contre ses politiques impopulaires, persécute les journalistes, les blogueurs et toutes les voix d’opposition ayant une influence populaire, et resserre l’étau sur les associations sérieuses. Depuis décembre 2020, l’État s’est engagé dans une normalisation ouverte avec le régime sioniste, englobant les aspects économiques, politiques, culturels, militaires et tous les aspects de la vie.

Et malgré plus de dix-huit mois écoulés depuis le début du mouvement populaire au Maroc contre la guerre génocidaire à Gaza, la mobilisation n’a pas faibli. La normalisation des relations de l’État avec l’ennemi sioniste se poursuit malgré un rejet populaire généralisé. En outre, les attaques du régime contre les voix de protestation s’intensifient, soulevant des questions sur les stratégies et les formes d’organisation dont le mouvement a besoin pour lutter efficacement contre la normalisation.

L’Université de Printemps d’ATTAC Maroc, qui se tiendra du 25 au 27 avril 2025 à Rabat, vise à éclairer ces questions et à engager des discussions avec les représentants des luttes populaires que le Maroc a connues ces dernières années, dans le but de faire face aux défis et de tracer la voie de la lutte pour un Maroc de liberté, de dignité et de justice sociale.

L’Université de Printemps sera précédée de journées portes ouvertes au siège d’ATTAC Maroc à Rabat du 21 au 24 avril 2025, avec un programme complet d’activités visant à présenter l’association, ses engagements, ses luttes sociales et populaires, et ses thématiques de travail (dette, climat, souveraineté alimentaire, services publics, féminisme, etc.).

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