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COMMUNIQUE: Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime Non aux discours de haine et aux politiques migratoires criminelles

Rabat, le 9 mars 2023

COMMUNIQUE

Le racisme n’est pas une opinion, ça constitue un crime

Non aux discours de haine et aux politiques migratoires criminelles

L’espace public, virtuel et réel, au Maroc, et dans la région du Maghreb, est marqué ces dernières semaines par la montée d’un discours raciste portés contre les personnes en migration originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Ce discours de haine a explosé à la suite des déclarations honteuses du président tunisien Kais Said. Nous, les organisations et associations signataires de cette déclaration, considérons qu’une grande partie de ces discours ont été importés de courants d’extrême-droite occidentaux afin de les dupliquer à une réalité complètement différente de l’immigration au Maroc et au Maghreb.

Les discours racistes et discriminatoires fondés sur l’exagération et une vision sécuritaire de la présence des immigrés sont démentis par les données statistiques et de terrain sur la présence des immigrés au Maroc. Ces discours alarmistes sont fondés sur une logique identitaire restrictive autour du mythe de l’existence supposée d’une « race marocaine ». La réalité de l’immigration et de l’exil au Maroc est plurielle et diversifiée. Il est également vrai que le Maroc était et il est toujours ouvert aux identités multiples, avec des identités ethniques et culturelles locales différentes qui ont coexisté au fil des siècles.

Ce climat tendu intervient dans le contexte d’une sévère crise économique et sociale, marquée par la cherté de la vie subie par les citoyens marocains. Les campagnes racistes actuelles sont un moyen indirect de détourner les débats publics des sujets principaux vers des sujets secondaires. Désormais, « l’autre », « l’étranger » et les « noirs » sont la cible d’une vindicte haineuse. Les signataires de cette déclaration considèrent que le débat public sur la question de la migration et de l’asile au Maroc est essentiel, mais qu’il devrait porter sur les questions suivantes :

  • Nous appelons à l’adoption une politique d’immigration fondée sur les valeurs et principes universels des droits de l’Homme et promulguer des lois sur l’immigration et l’asile qui respectent la dignité inhérente humaine, sans aucune discrimination.
  • Nous exigeons l’arrêt immédiat des campagnes de déplacement forcés ciblant les migrants et leurs familles à l’intérieur du Maroc et vers les frontières Est du pays. Ces opérations constituent une menace pour la vie des migrants, comme cela s’est produit récemment près de la « barrière de la honte » entre le Maroc et de l’Algérie. Des pratiques contraires aux engagements du Maroc au titre de la Convention de Genève de 1951 relative aux réfugiés ratifiée par le Maroc en 1957 et de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
  • Nous appelons l’État marocain à cesser de jouer le “rôle de gendarme” en faveur de l’Union européenne et de l’Espagne. Une politique qui se traduit par des drames humains et des crises de coexistence sur le territoire national, comme c’est le cas aujourd’hui dans le quartier d’Ouled Ziane à Casablanca. Il s’agit surtout d’un exemple concret des effets des politiques de sous-traitance que le Maroc mène en faveur des pays de l’UE.
  • Nous appelons les organisations de la société civile, les médias, les intellectuels et les chercheurs des universités à lutter contre les discours de haine, la discrimination et le racisme envers les personnes en migrations immigrés et les personnes noires au Maroc à travers une action collective pour démanteler ces discours et garantir la dignité et les droits des immigrés.
  • Nous appelons l’Etat marocain à mettre en œuvre ses obligations inscrites dans les conventions internationales relatives aux droits des travailleurs migrants et aux droits des réfugiés et à lutter contre le discours raciste tel que stipulé dans la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
  • Nous attirons l’attention sur le rôle de neutralité négative joué par les plateformes de médias sociaux (en particulier les plateformes de la société « Meta ») en continuant à autoriser la présence de discours ouvertement racistes, alors que tous les discours contre l’apartheid sioniste pratiqués contre les Palestiniens sont systématiquement bloqués par « Meta ».
  • Nous appelons les médias et des journalistes afin de déconstruire les discours racistes qui circulent aujourd’hui et avertissons les médias du danger d’être instrumentalisés dans ces campagnes mensongères afin qu’ils ne contribuent pas à la promotion de ces discours racistes conformément aux textes réglementant leur profession (Code de la presse et de l’édition et Charte du journaliste professionnel).

Enfin, nous appelons tous les citoyens marocains et du Maghreb en général à être vigilants et prudents face aux campagnes racistes actuelles et à donner la priorité aux valeurs de tolérance, de coexistence et de fierté de notre identité africaine avec toutes les communautés étrangères présentes dans les pays de la région, en particulier nos frères et sœurs qui viennent des pays d’Afrique sub-saharienne.

Organisations signataires :  

  1. L’Association marocaine des droits Humains (AMDH)
  2. Réseau des Associations du Nord pour le développement et la solidarité (RANDS).
  3. Le Réseau marocain des journalistes de la migration (RMJM).
  4. L’Association d’Aide aux migrants en situation vulnérable – Oujda (AMSV).
  5. L’Association Pateras de la vida Maroc- Larache
  6. Majalat « Moussaouat » / Egalité
  7. L’Association Attac Maroc
  8. Réseau transnational Alarme Phone Sahara
  9. L’organisation « Motadaminoun » (Solidaires)
  10. L’Espace démocratique d’échange culturel – Barcelone
  11. Fédération nationale de l’éducation (FNE)
  12. Marocaines contre l’emprisonnement politique
  13. L’Instance marocaine pour les droits humains
  14. L’Association TAWAZA pour le soutien de la femme – Tétouan
  15. L’Observatoire Amazigh pour les droits et libertés
  16. Le Mouvement DAMIR
  17. L’Association marocaine des femmes progressistes
  18. La coordination de la Marche Mondiale des femmes au Maroc
  19. Jeunesse de la Voie démocratique ouvrière
  20. L’Association Voix de la femme Amazighe

CE COMMNUNIQUE EST OUVERT POUR LA SIGNATURE PAR LES ORGANISATIONS ET MOUVEMENTS SOCIAUX

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