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Communiqué sur la quatrième Ligne de précaution et de liquidité accordée par le FMI au Maroc

 

ATTAC MAROC

Membre du réseau CADTM            

Rabat le 24 décembre 2018

Communiqué sur la quatrième Ligne de précaution et de liquidité accordée par le FMI au Maroc

Le 17 décembre, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a approuvé un accord avec le Maroc au titre de la Ligne de précaution et de liquidité d’un montant de 2,7 milliards de dollars sur 24 mois[1]. Il s’agit du quatrième accord en six ans, le premier en août 2012 de 6,2 milliards de dollars, le deuxième de 5 milliards de dirhams en juillet 2014 et le troisième de 3,5 milliards en juillet 2016. Le Maroc n’a utilisé aucune de ces lignes qui ont occasionné des coûts estimés à 720 millions de dirhams.

La Ligne de précaution et de liquidité montre la dépendance et la fragilité structurelles de l’économie marocaine

La Ligne de précaution et de liquidité a été mise en place par le Fonds monétaire international en 2011 pour accroître la capacité de répondre aux besoins de liquidité en devises des pays membres vulnérables aux fluctuations de l’économie mondiale. En effet, le Maroc risque d’être confronté à une hausse du prix du pétrole qui représente une part importante de ses importations, à une baisse des prix de ses principales exportations sur les marchés internationaux et plus particulièrement européens (produits agricoles, de la pêche, et miniers comme les phosphates), à une baisse des transferts des Marocains résidants à l’étranger, des recettes touristiques ou des investissements directs étrangers, etc.

Une Ligne de précaution et de liquidité pour faciliter de nouveaux prêts sur le marché financier international

Cette ligne constitue donc une réserve de devises qui peut être utilisée en cas de dégradation grave de la balance des paiements.  Elle augmente ainsi la confiance dans la stabilité de l’économie marocaine afin d’accueillir les investisseurs étrangers et les garanties de remboursement du pays, ce qui facilite sa sortie sur le marché financier international pour de nouveaux prêts. Le Maroc a commencé son émission sur le marché financier international en 2007, empruntant un demi-milliard d’euros, puis 1 milliard d’euros en 2010, 1,5 milliard de dollars en 2012, 750 millions de dollars en 2013 et 1 milliard d’euros en 2014. Il prévoit une nouvelle émission en 2019 autour d’un milliard d’euros ou de dollars. La ligne de précaution et de liquidité servira aussi à alléger les craintes des agences de notation internationales face aux déséquilibres financiers majeurs dont souffre le budget du Maroc.

La ligne de précaution et de liquidité à la condition d’accélérer le rythme des réformes libérales

Le communiqué de presse du FMI énumère les conditions d’accès à cette ligne : accélération du rythme des réformes libérales dans les domaines de l’investissement, l’amélioration du climat des affaires, la fiscalité, le secteur financier, la flexibilité du taux de change, l’éducation et la flexibilité du travail. Le FMI exige l’accélération des réformes structurelles en cours pour approfondir l’ouverture et le « libre-échange », démanteler le système douanier, créer des zones franches, privatiser les établissements et les services publics, élargir les incitations fiscales au profit des multinationales et du grand capital local, démanteler le système de compensation, réduire ou geler les budgets des secteurs sociaux (éducation, santé et logement), généraliser les contrats à durée déterminée dans la fonction publique, etc.

Approfondir l’endettement public et faire supporter le remboursement aux couches populaires et aux salarié-e-s

Ces réformes libérales facilitent le transfert de richesse et de capitaux par les grands capitalistes étrangers et locaux aggravant le déficit budgétaire et donc le recours à l’endettement et les coûts élevés qu’il implique. À la fin 2017, la dette publique du Maroc s’élevait à environ 900 milliards de dirhams (environ 82 milliards d’euros), le service de la dette à 149 milliards de dirhams, alors que le budget de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ne s’élevait qu’à 54 milliards de dirhams, celui de la santé à 14 milliards de dirhams, et l’investissement public à 64 milliards de dirhams. Le coût de la dette est largement supérieur aux budgets sociaux et freine tout développement social et humain réel. Les couches populaires et les salarié-e-s supportent le fardeau de son remboursement à travers les politiques d’austérité, de pauvreté, de gel des salaires, de chômage, de marginalisation, etc. qui sont imposées par des institutions et un parlement qui ne représentent pas la volonté des populations. La dette publique, ATTAC CADTM Maroc l’a toujours souligné, n’est pas seulement un prêt qui doit être remboursé[2]. C’est un système d’oppression, d’asservissement de notre peuple et de pillage généralisé de ses richesses par le grand capital local et étranger. D’où notre revendication d’abolition de la dette publique intérieure et extérieure, ce qui signifie essentiellement recouvrer notre souveraineté populaire et alimentaire et la coupure avec les centres de décision étrangers : Institutions financières internationales, Organisation mondiale du commerce et les puissances impérialistes.

Dans ce contexte, ATTAC CADTM Maroc :

– Refuse la ligne de précaution et de liquidité qui hypothèque l’avenir du Maroc et de ses populations par les conditionnalités draconiennes du FMI

 – Condamne les politiques d’austérité et les réformes structurelles imposées aux couches populaires et aux salarié-e-s pour satisfaire les centres de décision étrangers

– Réitère sa revendication de suspendre le remboursement de la dette publique jusqu’à ce qu’un audit citoyen de cette dette soit réalisé pour déterminer sa part odieuse et illégitime et procéder à sa répudiation

– Lance un appel aux organisations militantes pour s’apposer à l’offensive actuelle menée contre les droits sociaux et économiques des classes populaires.

Secrétariat national


[1] – Communiqué de presse du FMI : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2018/12/17/pr18477-imf-executive-board-approves-morocco-precautionary-liquidity-line

[2] – ATTAC CADTM Maroc : Auditer la dette pour l’annuler. http://www.cadtm.org/Maroc-Auditer-la-dette-pour-l-annuler

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