Altermondialisme

A Bamako, au Mali, les femmes du réseau CADTM continuent la réflexion et l’action contre les microcrédits et la dette illégitime

Le séminaire s’est ouvert par une conférence publique, en présence d’un public nombreux (environs 250 personnes, en majorité des femmes). Les intervenantes ont abordé la detteprivée et la dette publique comme deux facettes de l’endettement, la relation entre les programmes d’ajustement structurel et l’implantation des microcrédits. Durant cette rencontre publique d’autres contributions ont montré le rôle de la micro-finance dans l’aggravation de la dépendance financière et l’appauvrissement des femmes.
La conférence a été clôturée par les témoignages des victimes des Institutions de micro-finance (IMF), qui ont expliqué comment ces dernières ont exploité les femmes pour augmenter leurs propres bénéfices.

 

Troisième séminaire des femmes, dettes et microcrédits, unissons-nous contre l’endettement

Une trentaine de femmes représentantes de 13 organisations du réseau CADTM Afrique, ainsi que d’Argentine ont participé à ce séminaire. Dans cet espace de réflexion et de lutte féministe, les femmes ont inauguré les travaux de cette édition par des chansons et des slogans marquant l’unité de celles-ci contre la micro-finance et les dettes illégitimes.

La matinée du premier jour a débuté par deux témoignages sur la réalité des microcrédits au Mali. Les deux femmes ont raconté les souffrances qu’elles ont subies à la suite de ces crédits. Par la suite, les interventions ont exposé le fonctionnement et la logique des IMF, et pourquoi ces IMF ciblent les femmes. Les réactions des participantes étaient également intéressantes, elles ont bien montré à travers leurs expériences concrètes que la micro-finance ne sera jamais un outil d’émancipation des femmes, mais qu’au contraire ce mécanisme a approfondi la situation subordonnée des femmes dans une société patriarcale et capitaliste.

En effet, ces IMF sont un moyen de récupérer les revenus des pauvres au profit des intervenants dans ce marché rentable.

Pour retracer les périodes historiques de la dette, une séance a été animée autour d’une « ligne du temps ». Cet atelier a permis aux participantes de comprendre le rôle de la dette dans le transfert des richesses du Sud au Nord, et la place des Institutions financières internationales (IFI) dans la défense des intérêts des créanciers.

Dans le même sens, un communiqué a expliqué le lien entre la dette et la mise en place des Plans d’ajustement structurel (PAS) dans les pays de Sud, la présentation de cette thématique a cité également les mesures des PAS et leurs conséquences sur la vie des femmes ; l’aggravation de la pauvreté, du chômage, de la déscolarisation des filles et l’incapacité d’accéder aux soins de base suite à la privatisation de la santé.

Au cours de ce séminaire une synthèse sur l’état des lieux de la micro-finance en Afrique a été présentée aux participantes. Cette synthèse a permis de cerner dans un premier temps la situation de la micro-finance dans les pays participant à ce séminaire. Après, les participantes ont constitué des groupes de travail pour analyser chaque aspect de la synthèse.

La journée du 18 novembre 2017 a commencé par la place des femmes dans la lutte contre les dettes illégitimes. L’intérêt de cet atelier est de rendre visible le rôle central des femmes dans la lutte contre les mesures d’austérité liées à l’endettement.

L’enjeu du séminaire est de créer un espace libre, permettant aux femmes d’échanger entre elles sur les différentes expériences et actions menées dans leurs pays contre les effets des dettes illégitimes.

Sur les « alternatives aux microcrédits », deux expériences concrètes ont été présentées : une d’Oxfam et l’autre du CADD Bénin, membre du réseau CADTM. Pour ce qui est d’Oxfam, la présentation a exposé le programme de l’épargne pour le changement (EPC), dont le rôle est de faciliter et d’accompagner les femmes pour gérer leurs épargnes et crédits. Concernant le taux d’intérêt, les femmes membres du groupe fixent le pourcentage, mais ce taux mensuel reste toujours élevé, entre 5 % et 10 %.

La deuxième expérience était celle du CADD Bénin, une expérience créée par les femmes exclues et victimes du système de la micro-finance au Bénin. Les femmes dans ce pays ont fondé leur propre alternative d’épargne et de microcrédits : c’est un regroupement de femmes au niveau des quartiers, qui partagent leurs biens financiers pour s’octroyer des crédits avec un taux d’intérêt plus bas (1 % par mois).

Cette expérience du CADD a donné des résultats satisfaisants au niveau social, économique et en termes de formation des femmes.

Malgré l’importance des alternatives présentées au cours de ce séminaire, les crédits et le taux d’intérêt constituent toujours les principes de la micro-finance qui peuvent reproduire la logique du système, qui est principalement la réalisation de bénéfices les plus élevés possibles et la domination de la finance sur les activités humaines.

Le combat contre la pauvreté ne se concentre pas seulement dans l’accès aux financements, mais il implique le droit à la santé, à l’éducation, au logement, au travail, à l’alimentation et à l’écologie. En bref, la lutte contre la pauvreté s’inscrit dans une lutte globale pour une vie décente et digne.

Le séminaire des femmes du réseau CADTM Afrique a connu un bon écho médiatique au Mali |1| : différents sites électroniques, radios locales et la TV malienne ont suivi les activités de cette rencontre organisée du 15 au 19 novembre 2017. Il est important de signaler que deux rencontres publiques ont été organisées, la première rencontre de solidarité avec les femmes maliennes s’est tenue le 18 novembre au Musée national, et la conférence de presse a eu lieu le 19 novembre dans le même endroit pour diffuser le bilan du séminaire et nos perspectives de lutte.

Les travaux du séminaire « Femmes, dettes et microcrédits » à Bamako se sont achevés le 19 novembre 2017. Une déclaration finale a été adoptée et publiée sur les sites web |2|. En ce qui concerne les recommandations et les perspectives, nous les femmes participantes insistons sur la mobilisation et la solidarité avec les femmes victimes de la micro-finance au niveau de nos pays, nous déclarons en tant que femmes du réseau CADTM la continuité de notre engagement dans la lutte contre toutes sortes d’endettement et d’oppression des femmes dans le monde entier.

La lutte continue contre les microcrédits, contre les dettes illégitimes

fatima zahra el belghiti

 

NOTE


|1https://mali7.net/2017/11/16/3e-e… vers-le-renforcement-des-capacites-des-femmes-sur-les-problematiques-de-la-dette-et-des-microcredits/ ; http://info-matin.ml/contre-lendett… ; http://www.panapress.com/Troisieme-…

|2http://www.cadtm.org/Declaration-finale-du-Seminaire,15484

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