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Attac CADTM Maroc et Anfass democratique : Bilan de la coalition et du gouvernement Benkirane : 4 ans d’actions 2012-2015

Bilan de la coalition et du gouvernement Benkirane :

4 ans d’actions 2012-2015

« Le programme du gouvernement a retenu le volontarisme et l’ambition, s’est basé sur des objectifs chiffrés, des mesures réalistes et réalisables ayant un impact sur la vie quotidienne du citoyen et un effet direct au profit de notre pays et des générations futures, en réponse aux aspirations et aux attentes des citoyennes et des citoyens dans le cadre de la mise en œuvre démocratique et participative des dispositions de la constitution. De ce fait, il s’agit d’un contrat politique et moral renouvelé, fondé sur la réalisation permanente de ses engagements et l’exécution de ses promesses, appuyé en cela sur la participation et la confiance des électrices et des électeurs, dans un cadre de rattachement de l’exercice de la responsabilité à la reddition des comptes. Nous nous attèlerons, avec l’aide de Dieu, à son exécution sous le contrôle du Parlement, avec l’appui et l’aide de tous. Nous rendrons compte à l’ensemble des citoyennes et des citoyens à la fin de la législature, soucieux en cela de préserver la crédibilité des élections et l’efficience des institutions et désireux de garantir cet avenir prometteur auquel aspirent tous les marocains, … »

Déclaration gouvernementale, Janvier 2012.

 

Préambule :

Le mouvement Anfass Démocratique, mouvement politique marocain, s’était assigné, depuis sa constitution en 2013, l’année 2030 comme horizon temporel pour que « Le Maroc que nous voulons » soit un réalité et que notre pays puisse, « parachever rapidement sa transition du système du Makhzen traditionnel à un système de monarchie parlementaire démocratique, où le roi règne et ne gouverne pas ,[…] un système tirant sa légitimité du peuple tout en respectant les principes de séparation de pouvoirs, de reddition des comptes et de contrôle populaire ».

Toutefois, lors de la dernière assemblée du mouvement le 10 Octobre 2015, il était pertinent pour nous de faire remarquer que sur « le plan politique, on note que le processus dit de transition démocratique s’éternise sans horizon temporel ni contours conceptuels clairs  En dépit de l’instauration des élections comme moyen régulier de désignation et de légitimation des responsables et des institutions, les réalisations concrètes de ce processus restent, elles, en deçà des attentes, notamment en matière de séparation de pouvoirs, de consolidation des institutions et de reddition des comptes ». (Déclaration finale de la 1ère assemblée générale).

Dès lors, notre mouvement s’inscrit activement dans cette perspective et se propose de réaliser un nouvel exercice nécessaire à la construction et la contractualisation démocratique : le bilan du gouvernement et de sa coalition en rapport avec les programmes électoraux présentés aux élections du 25 Novembre 2011 et la déclaration gouvernementale présentée au parlement en Janvier 2012.

Attac Maroc, membre du réseau du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-monde (CADTM), est un mouvement d’éducation populaire tournée vers l’action, elle est très engagée sur le terrain des luttes au Maroc contre la mondialisation capitaliste et la domination des IFI et les grandes puissances. ATTAC Maroc veut être un espace de réflexion critique permettant de déchiffrer les mécanismes et conséquences de l’offensive néolibérale sur notre propre réalité sociale dans les différents terrains où elle s’exerce. ATTAC lutte pour « une autre mondialisation, loin de toute logique de repli, fondée sur la solidarité entre les peuples pour que demain soit synonyme de justice sociale, de démocratie, de dignité, de développement solidaire dans un monde qui soit autre chose qu’un marché. Pour Attac Maroc, les politiques publiques sont la traduction fidèle des « recommandations » des institutions financières mondiales et des puissances néolibérales.

 

Méthodologie et textes de référence :

Afin  d’«évaluer » les réalisations du gouvernement sur les 4 années passées dans la gestion des affaires de l’Etat, nous avons choisi 15 indicateurs de différents domaines (politique, social, économie, culture et écologie) qui reflètent, selon nous, les enjeux et attentes des citoyens. Nous avons examiné les programmes électoraux des partis de la coalition dans ses deux versions (PJD, MP, PPS, PI & RNI), et la déclaration gouvernementale pour illustrer aussi bien  « promesse électorale » que « l’engagement gouvernemental », pour « quantifier » les indicateurs choisis et pouvoir ainsi les comparer à la réalisation fin 2015 et les projections de 2016.

 

 

Bilan :

  1. Taux de chômage / création d’emploi.

 

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Réduire taux de chômage à 8%.
    • Programme MP & RNI (APD) : Création annuelle nette de 200.000 emplois.
    • Programme PPS : Création annuelle nette de 250.000 emplois.
    • Programme PI : taux de chômage à 8% avec création de 170.000 emplois nets dont 20.000 dans le public.
    • Déclaration gouvernementale : Réduire taux de chômage à 8%.
  • Réalisations :

 

  • Verdict : Sur cet objectif principal et qui concerne une large population de jeunes, les réalisations n’atteignent pas les objectifs nécessaires pour endiguer le phénomène de chômage en général et le chômage de longue durée. Ni les objectifs déclarés dans les programmes électoraux ni ceux annoncés lors de la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Taux de pauvreté.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 8,8%.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Réduire à moitié -> 4,4%.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non abordé.
    • Programme PPS : Non chiffré.
    • Programme PI : 6%
    • Déclaration gouvernementale : Non chiffré.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 11%.
    • Projections 2016 : 11%.
  • Verdict : Alors qu’au début du mandat le taux se situait à 8,8%, la situation de la pauvreté s’est détériorée de 2%. Le taux de pauvreté se situerait à 11% à la fin de la législature, ce qui prouve clairement qu’aucune politique publique n’a été conçue concrètement pour limiter ce phénomène qui caractérise la société marocaine.

Sur cet indicateur, ni les objectifs déclarés dans les programmes électoraux ni la déclaration gouvernementale ne sont atteints !

  1. Part supportée par les ménages sur 100Dh de dépenses de santé.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 53,6%.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Non chiffré.
    • Programme MP & RNI (APD) : 25%.
    • Programme PPS : 20%.
    • Programme PI : 25%
    • Déclaration gouvernementale : “La diminution des charges supportées par les familles dans le financement de la santé”
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 53%
    • Projections 2016 : 53%

 

  • Verdict : En l’absence claire et nette de politique en matière de couverture sociale et dans le cadre de son projet ultralibéral, le gouvernement n’a entrepris aucune action, ne serait-ce que symbolique ou mineur dans ce domaine. Les ménages supportent toujours la même charge liée aux dépenses de la santé.

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Classement du Maroc dans l’Indice de Développement Humain.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 130.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : 90.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non abordé.
    • Programme PPS : Non abordé.
    • Programme PI : « Amélioration du classement ».
    • Déclaration gouvernementale : Non chiffré.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 126.
    • Projections 2016 : 126.
  • Verdict : cet indicateur représente une synthèse des indicateurs liés à l’éducation, la santé, l’égalité et le développement économique. Dans l’absence de tout effort gouvernemental et de politiques publiques en la matière le Maroc reste toujours à la traine dans ce domaine.

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Taux d’analphabétisme.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 39,7%.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : 20%.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non abordé.
    • Programme PPS : 15%.
    • Programme PI : 20%.
    • Déclaration gouvernementale : 20%.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 32%.
    • Projections 2016 : 30%.
  • Verdict: En matière d’éducation le chef de gouvernement a toujours prôné une approche libérale et qui vise à désengager l’Etat de ce domaine au profit d’une marchandisation forcée. C’est ainsi que loin de toute déclaration, le taux reste alarmant.

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Déficit budgétaire.

 

  • Valeurs en 2010/2011 :5,5%.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : 3%.
    • Programme MP & RNI (APD) : 3%.
    • Programme PPS : Non chiffré.
    • Programme PI : Non chiffré.
    • Déclaration gouvernementale : 3%.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 :4,3%.
    • Projections 2016 : 4,3%.

Verdict  : Ce chantier a constitué une priorité aveugle et obsédée du gouvernement. En l’absence de toute politique publique claire, le gouvernement a démantelé toutes les mesures de compensation sans aucune contrepartie sociale en faveur des couches démunies. Il a aussi réduit le budget d’investissement et celui de tous les secteurs sociaux. Malgré une réforme fiscale annoncée en grande fanfare, le gouvernement a manqué de courage pour réformer les impôts pour plus d’équité sociale et de réduire les dépenses fiscales, Il a surtout œuvré à défendre et instaurer pendant 2 ans une taxe inconstitutionnelle sur les revenus salariaux, pour des raisons sociales annoncés.

Sur cet indicateur, les promesses électorales et la déclaration gouvernementale n’ont pas été tenues, mais une réduction significative a été observée !

  1. Taux d’endettement (% du PIB).
    • Valeurs en 2010/2011 :62%.
  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Non chiffré.
    • Programme MP & RNI (APD) : 50%.
    • Programme PPS : Non chiffré.
    • Programme PI : Non chiffré.
    • Déclaration gouvernementale : Non abordé.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 :79,60%.
    • Projections 2016 : 81,20%.
  • Verdict: La dégradation significative de cet indicateur témoigne clairement d’un manque de pilotage économique et budgétaire. Alors que le gouvernement a œuvré à réduire toutes les dépenses, notamment la compensation, les secteurs sociaux et l’investissement, il a largement dégradé la dette publique. Le service de la dette absorbe une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation, santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la croissance économique et au développement social, …C’est pour cette raison que la dette publique est insoutenable et insupportable. Son paiement approfondit la crise sociale dont souffre notre peuple et pour cette raison il faut exiger la suspension de son paiement.

Sur cet indicateur, seules le MP et le RNI, du programme APD ont promis de réduire le taux à 50%, ce qui est loin d’avoir été atteint !

  1. Taux de croissance du PIB.
    • Valeurs en 2010/2011 :5%.
  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : 7%.
    • Programme MP & RNI (APD) : 6%.
    • Programme PPS : Non chiffré.
    • Programme PI : 5%.
    • Déclaration gouvernementale : 5,5%.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 :4,3%.
    • Projections 2016 : 2,6%.
  • Verdict: Le gouvernement a bénéficié d’une conjoncture positive à travers une pluviométrie au-dessus de la moyenne et surtout un prix du pétrole qui a fortement baissé. Ces facteurs ont eu un impact mineur sur la croissance, ce qui témoigne clairement d’un manque d’une vision économique cohérente qui allie investissement pour une croissance durable, efficacité budgétaire et équité socio-économique.

Sur cet indicateur, on voit bien l’absence de réalisme dans les programmes électoraux ! Quand le PJD, principal parti de la majorité gouvernemental promettait 7% de croissance, le chef de gouvernement ramène à la baisse à 5,5%, ce qui est loin d’être atteint avec les 2,6% projeté pour 2016 ! Noter que même les ambitions, tout en étant farfelues, et dénuées de tout argumentaire, restent bien en deçà de ce dont le Maroc a besoin pour pouvoir maintenir un niveau de création d’emplois qui limite le chômage.

  1. SMIG taux horaire exonéré.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Valeurs en 2010/2011 : 11,7.
    • Programme PJD : 15,71.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non abordé.
    • Programme PPS : 15.
    • Programme PI : Non abordé.
    • Déclaration gouvernementale : Non abordé.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 13,46.
    • Projections 2016 :14,2.
  • Verdict: Sur cet indicateur, même si la promesse des deux partis l’ayant évoqué dans leurs programmes n’est pas tenue totalement, l’effort est à saluer ! Il faut également noter qu’une partie de la hausse du SMIG a été déjà programmée entre le gouvernement précédent et les syndicats !

Noter que le Smig n’est désormais pas exonéré, puisque dans les différentes lois des finances n’ont pas relevé le seuil d’exonération.

 

  1. Budget de la culture (en % du budget général).

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 0,3%.
  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Non chiffré.
    • Programme MP & RNI (APD) : 0,8%.
    • Programme PPS : 2%.
    • Programme PI : Non chiffré.
    • Déclaration gouvernementale : « Le gouvernement s’engage à prendre les mesures à même d’instaurer une culture de proximité véritable, à travers la généralisation des infrastructures et prestations culturelles et médiatiques, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel, l’amélioration de la gouvernance dans le domaine de la culture, la modernisation des procédés de gestion, la prise en compte de la dimension régionale, l’accompagnement de la création et de la production, le soutien des créateurs, notamment les jeunes, le renforcement de la politique de soutien à la production nationale et à sa diffusion, et la dynamisation de la coopération culturelle internationale».
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 0,23%.
    • Projections 2016 : 0,25%.
  • Verdict: Nul besoin de répéter ou de constater que les promesses ne sont pas atteintes et que la culture n’a pas été une priorité gouvernementale ! Ceci sans rentrer dans les polémiques populistes prônant un « art propre » s’immisçant dans la liberté de création.

 

  1. Classement du Maroc dans le rapport Transparency.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 80.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : 40.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non chiffré.
    • Programme PPS : 30.
    • Programme PI : « Améliorer le classement »
    • Déclaration gouvernementale : Non chiffré.
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 74.
    • Projections 2016 :
  • Verdict: Sur cet indicateur, malgré que le PJD ait fait de la lutte contre la corruption son slogan électoral ainsi que la majorité, les résultats est très loin de l’objectif !

 

  1. Part des énergies renouvelables.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Valeurs en 2010/2011 : 9,6%.
    • Programme PJD : Non chiffré.
    • Programme MP & RNI (APD) : 42%.
    • Programme PPS : « “La prise en compte de la dimension environnementale dans toutes les stratégies nationales, notamment en matière d’énergie ».
    • Programme PI : Non chiffré.
    • Déclaration gouvernementale : « Le gouvernement accorde également une importance particulière à la mobilisation du potentiel national en énergies renouvelables par la mise en œuvre des deux programmes intégrés de l’énergie éolienne et solaire et le développement de l’utilisation de l’énergie solaire à large échelle dans le secteur de l’habitat, pour la maîtrise de la consommation de l’énergie».
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 13%.
    • Projections 2016 : 18%
  • Verdict: Sur cet indicateur, même si l’objectif des partis MP/RNI est loin d’être atteint (il est pris dans la stratégie nationale qui prévoit 42% à l’horizon 2020 et pas 2016, qui est aussi en retard), on peut considérer que des efforts ont été déployés et que la stratégie en la matière existe et fonctionne ! Toutefois, le dossier de l’énergie est complètement géré hors agenda gouvernemental, en témoigne la dernière « réunion de travail » (aucune référence constitutionnelle) ordonnée par le roi où des instructions royales ont porté le dossier dans le giron de Masen, dirigé par le secrétaire général du principal parti de l’opposition !!! Des dossiers chauds comme la gestion déléguée ou la crise de la raffinerie Samir n’ont eu aucune action gouvernementale efficace !
  1. Stratégie en matière de plans sectoriels.

 

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : Evaluation -> Convergence.
    • Programme MP & RNI (APD) : Non abordé.
    • Programme PPS : « Revoir tous les plans sectoriels en vigueur pour en assurer la convergence et l’efficacité ».
    • Programme PI : Non abordé
    • Déclaration gouvernementale : « A la faveur des différentes stratégies sectorielles en cours et des premières conclusions de leur mise en œuvre, le gouvernement s’emploiera à élaborer une vision économique nationale intégrée qui réorganise les priorités, précise les objectifs des stratégies en cours et leurs indicateurs, apporte la coordination, l’harmonisation et la convergence nécessaires et accélère la cadence de réalisation en prenant en considération la dimension territoriale et la complémentarité avec les plans régionaux. Des mécanismes de suivi et d’évaluation de l’efficience des différentes politiques publiques, de leurs niveaux de complémentarité, de cohérence et de convergence, seront placés sous la supervision directe du Chef du gouvernement ».
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 :
    • Projections 2016 :
  • Verdict: Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes ! Les plans sectoriels continuent à être pilotés en dehors de tout agenda gouvernemental. L’épisode du fond pour le rural avec toute la polémique autour du chef de gouvernement signant une loi de finances et qui déclare ne pas « savoir que l’ordonnateur serait le ministre de l’agriculture au lieu du chef de gouvernement », trahit que ces plans sont en dehors du contrôle du gouvernement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Réforme de la caisse de compensation.

 

  • Valeurs en 2010/2011 : 45 MM de dirhams de dépenses de compensation.

 

  • Programmes électoraux et déclaration gouvernementale :
    • Programme PJD : « Transparence, contrôle, efficacité économique et sociale ».
    • Programme MP & RNI (APD) : « 50% aides directes aux ménages – 50% subvention produits de base».
    • Programme PPS : « Réformer la Caisse de Compensation pour cibler davantage les pauvres ».
    • Programme PI : « Continuer à subventionner les produits de base à travers la compensation ».
    • Déclaration gouvernementale : « Le gouvernement œuvrera également à poursuivre la réforme du système de compensation en vue d’assurer la maîtrise de ses coûts, et de rationaliser la structure des prix des matières subventionnées et le bénéfice qui en est fait par les secteur, dans le sens de la préservation du pouvoir d’achat des classes pauvres et moyennes en ciblant les catégories indigentes à travers une aide numéraire directe conditionnée par la scolarisation et l’utilisation des prestations de santé et ainsi que l’encouragement à s’inscrire dans les programmes de lutte contre l’analphabétisme et les activités génératrices de revenus. Les financements se feront à travers un Fonds de solidarité qui sera alimenté par des contributions solidaires».
  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 27 milliards de dépenses de compensation – pas d’aides directes.
    • Projections 2016 : Décompensation du sucre.
  • Verdict: La réforme de la compensation ne répond ni aux programmes des partis ni à la déclaration gouvernementale, mais plutôt suivant les recommandations des institutions financières internationales, BM et FMI en tête. Aucun programme d’aide directe aux familles (conditionné par la scolarisation), ni même de compensation à moitié ! Il s’agit plutôt d’une annulation progressive de la caisse de compensation, sans aucune démarche de mise en place de mécanisme d’accompagnement des ménages les plus vulnérables. On ne peut parler ici de réforme !! Cette annulation a été favorisée par un contexte de baisse des prix du pétrole, mais elle met le pays dans le risque : la dépendance dans le cartel des producteur !!!

 

 

 

 

 

 

  1. Parachèvement de la réforme constitutionnelle
    • Valeurs en 2010/2011 : La constitution de 2011 prévoit 18 lois organiques et 10 instances constitutionnelles.

 

  • Réalisations :
    • Réalisation à fin 2015 : 10 lois organiques et 5instances constitutionnelles.
    • Projections 2016 : Selon la constitution, toutes les lois organiques doivent être mise en place avant la fin de la législature actuelle !!
    • Verdict: La réforme constitutionnelle de 2011 tant vantée par la classe politique établie est tributaire de législations complémentaires et de l’installation des institutions de gouvernance. 4 ans après l’installation du gouvernement, seulement 10 lois organiques (sur 18) et 5 instances (sur 10) sont en vigueur. Toutefois, un nombre de lois organiques et d’instances sont en vigueur ou installées avant l’arrivée du gouvernement (loi sur les partis, le CNDH, …). En moins d’une année, le gouvernement actuel, qui a réussi un passage en force interdisant au parlement de légiférer en matière de lois organiques, doit proposer 8 lois organiques et installer 5 instances !!! des lois d’une importance capitale (grève, effectivité de l’officialisation de la langue amazigh, …) seraient discutées en un temps très réduits avec des enjeux électorales !!! A ces lois organiques et instances constitutionnelles s’ajoutent des lois importantes attendues également dans cette législature : code de la presse, code pénal, procédure pénale, … ce qui compliquerait l’échéance de quelques mois avant les élections législatives.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusions :

« Les Promesses n’engagent que ceux qui y croient », semble être la citation préférée de l’ensemble de la classe politique marocaine, qu’elle soit aux affaires ou dans l’opposition.  Au moment même de la déclaration gouvernementale, un décalage flagrant avait été constaté entre les promesses électorales et le programme qu’une coalition contre nature semblait vouloir s’engager à porter lors de la présente législature.

D’un autre côté, la majorité parlementaire issue des élections post réforme constitutionnelle s’était également engagée à mener le chantier des réformes institutionnelles nécessaire pour la mise en œuvre de la nouvelle constitution que les partis avaient unanimement applaudi. Force est de constater qu’à quelques mois de la fin de la législature, beaucoup de textes fondateurs et de lois organiques manquent encore pour donner corps aux différentes institutions, organes, et concepts de la constitution 2011. Pire encore, le chef de gouvernement a volontairement délaissé ses prérogatives dans un processus qualifié par une conférence Anfass comme « une lecture avancée  et pertinente de la constitution de 96 et non du document constitutionnel de 2011 !! ». Meilleur exemple d’illustration : « loi organique relative à la nomination aux hautes fonctions », où le chef de gouvernement a considéré (pour exemple) l’agence d’aménagement du Lac de Martchika comme « établissement stratégique » !!! Le Mouvement Anfass démocratique avait formulé précédemment la recommandation de publier les délibérations et réunion d’écoute de la « commission royale chargée de la réforme constitutionnelle » afin d’illustrer le « contexte constituant » nécessaire à toute interprétation du document constitutionnel.

Pour Attac Maroc, le dernier rapport sur la dette au Maroc illustre que « La crise du capitalisme mondial a des effets directs sur l’économie marocaine. Les faillites et la fermeture des unités industrielles, les licenciements massifs, la hausse du chômage, la généralisation des politiques d’austérité ont atteint un niveau inégalé, spécialement dans les pays développés. Ces facteurs amplifient la récession en cours de l’activité économique … Cette situation dans les pays du Nord n’est pas sans dégâts dans les pays du Sud comme le Maroc. Notre économie est intégrée à la zone Euro. Dans cette relation de dépendance, le Maroc se trouve dans une position de faiblesse. L’économie du pays est totalement inféodée au capitalisme international et aux grandes puissances».

Pour Anfass et Attac, les politiques publiques au Maroc sont le fruit de pressions des institutions économiques internationales (FMI, BM et OMC) qui renforcent encore l’orientation libérale des politiques mises en œuvre et nous imposent les politiques néo-libérales pour garantir les intérêts des multinationales et le remboursement de la dette. Les gouvernements se succèdent, mais les vraies politiques néolibérales continuent de sévir, et ceci aura un impact sur la vie quotidienne. Celui-ci ne s’évalue pas uniquement en points de PIB ou autres indicateurs, mais aussi en termes de conditions sociales, de respect des droits des travailleurs et des citoyens, de sauvegarde et protection de l’environnement, et en dernière analyse de défense de notre souveraineté, souveraineté alimentaire, souveraineté économique et souveraineté politique.

Enfin, il est tout à fait clair que la classe politique élue au lendemain du « printemps Marocain », ne semble pas avoir rompu avec une certaine manière de faire de la politique. Le débat politique, au sein des institutions et en dehors, a atteint durant ces dernières années, un niveau de bassesses rarement égalés, même durant les heures les plus sombres de l’histoire politique de ce pays. Par ailleurs, la « politique au Maroc se résume à la gestion de la proximité avec le Palais », au lieu d’être une mission de servir l’intérêt des citoyens.

En conclusion, et eu égard l’examen des indicateurs susmentionnés, la coalition gouvernementale a échoué dans l’atteinte des objectifs qu’elle s’est assignée en début de législature, et de surcroit, les promesses électorales n’ont pas été atteintes ! Le Mouvement Anfass Démocratique avait publié un « communiqué d’observations essentielles concernant l’installation du gouvernement Benkirane II » où il fait remarquer, entre autres, « la poursuite de la bourde politique  à travers l’alliance de 2 partis ayant présenté en 2011 2 programmes antagoniques et échangé  accusations et insultes, ce qui pousse le citoyen marocain à se demander l’utilité des élections et la confrontation de projets, et l’accule à l’abstention ».

 

22 Janvier 2016,

—Mouvement Anfass Démocratique – حركة انفاس الديمقراطيةwww.anfass.mahttps://www.facebook.com/anfassmarochttps://twitter.com/AnfassDemohttps://www.youtube.com/channel/UC63g7SezG052P2EJsmo5Mwg

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