Altermondialisme

Attac CADTM Maroc soutient la campagne pour auditer la dette tunisienne

 

Attac  CADTM Maroc soutient la campagne pour auditer la dette tunisienne

Dans le cadre du renforcement des travaux  sur la dette et l’audit en Tunisie, Egypte, Maroc. Attac Cadtm Maroc  a participé les 18 et 19 décembre  2015 à la campagne pour la vérité sur la dette tunisienne.  Le 17 décembre Raid  Tunisie « membre des réseaux Cadtm et Attac » et le Front populaire (coalition de huit partis politiques tunisiens) ont lancé l’initiative de création d’une commission pour la vérité sur la dette tunisienne sous le slogan « notre argent doit nous servir », la campagne commence par l’affichage de vingt portraits  dans des rues tunisiennes sur des panneaux publicitaires  dans les centre- villes, ces affiches portent  des slogans comme « l’audit est la seule issue »  « pas de souveraineté alimentaire sans auditer la dette » , «  la dette tue la santé publique »

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La compagne « notre argent doit nous servir »  vise la sensibilisation des citoyens et citoyennes sur la nécessité d’un audit pour donner la chance au peuple tunisien d’avoir leurs propres moyens pour démanteler ce système dette et défendre leur droits fondamentaux au lieu de rembourser une dette dont la plus grande part est odieuse.

Le  lancement de la compagne a connu un large soutien, d’Attac Cadtm  Maroc  et du Cadtm international dont plusieurs membres ont fait le déplacement. Ils ont animé le 18 décembre  une formation sur  l’audit de la dette pour les députés du Front populaire qui vont soutenir la proposition de loi de création d’une commission d’audit.

La conférence internationale : pour la vérité sur la dette tunisienne, un audit est indispensable.

Le 19 décembre  une conférence s’est tenue en plein centre de Tunis en présence de participants-  es  internationaux  dont  Omar Aziki (secrétaire général d’Attac Cadtm Maroc)  Fatima Zahra El Belghiti (membre du secrétariat national d’Attac Maroc, Renaud Vivien (Co-secrétaire général du CADTM Belgique), Claude Quemar (vice-président du CADTM France),  Marie-Christine Vergiat (eurodéputée du groupe de la Gauche Unitaire européenne/Gauche Verte – GUE/NGL), à cette présence s’ajoutent plusieurs représentants nationaux comme Samir Cheffi (Membre du Bureau exécutif de l’UGTT – le principal syndicat tunisien), Ahmed Seddik (président du groupe parlementaire du Front populaire), Salem Avari (Secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs) et Fathi Chamkhi (député du Front populaire, instigateur de la proposition de loi sur l’audit).

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La conférence a commencé par l’intervention d’Ahmed Seddik qui a insisté sur la légitimité de l’audit de la dette tunisienne, sur le fait que l’endettement n’est qu’une forme de colonisation  qui permet aux riche d’accumuler  des avantages au détriment des droits fondamentaux des peuples, et sur l’importance de l’audit. Il a cité l’exemple de l’Equateur qui a réalisé en  2007-2008 un audit de sa dette et, grâce  à cela, a économisé 7 milliards de dollars qui lui ont permis d’augmenter  les dépenses d’éducation et  de  santé publique au lieu de servir une dette illégitime. En conclusion, Ahmed Seddik a insisté sur la nécessité de l’audit pour réaliser les objectifs de la révolution tunisienne : la démocratie et la justice sociale. Pour sa part, le membre du Bureau exécutif de l’UGTT Samir Cheffi a manifesté le soutien de son syndicat à l’audit de  la dette tunisienne afin  d’identifier la part illégitime et odieuse de cette dette.  Pour lui l’endettement est inutile s’il ne sert pas l’intérêt général, et  les pauvres ne doivent pas payer  pour les riches. Ensuite  Marie-Christine Vergiat, qui apporte son soutien au peuple tunisien depuis de nombreuses années,  a pris la parole pour rappeler que  le combat n’est pas entre le Sud et le Nord  mais plutôt  un combat des peuples du Sud et du Nord contre l’oligarchie, et que l’Europe est frappée fortement par l’endettement , l’exemple  le plus catastrophique étant la Grèce. L’Eurodéputée  rappelle qu’elle avait déjà lancé un appel avec d’autres députés européens en 2011 pour soutenir  la campagne   en Tunisie demandant un moratoire et l’audit de la dette tunisienne[1], elle a conclu par la dénonciation de l’hypocrisie des créanciers européens qui n’ont pas tenu leurs promesses de convertir une partie de la dette en projets d’investissement. Bien au contraire, ils ont accordé d’autres prêts à la Tunisie pour rembourser la dette odieuse du dictateur Ben Ali.  Salem Avari, Secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs) a rappelé la situation de milliers de diplômés qui se retrouvent au chômage pendant des années, malgré le niveau de leur formation. La situation de ces diplômés est, en effet, liée directement aux choix politiques qui visent à diminuer les investissements publics dans les secteurs fournissant des emplois stables. Traînés de stages en formations sous-payées, les diplômés tunisiens se retrouvent marginalisés et privés de stabilité. Il souligne que son organisation s’impliquera activement dans la campagne pour un audit.

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A son tour Renaud Vivien  (Co-secrétaire général du CADTM Belgique) est intervenu autour de son expérience comme membre  de la commission pour la vérité sur la dette grecque en expliquant les causes principales de l’endettement de la Grèce qui est dû aux taux d’intérêts très élevés , aux réformes fiscales  au profit  des riches et à l’achat d’armes. Il a montré la situation désastreuse de la Grèce liée au remboursement de la dette et aux plans d’austérité imposés par la troïka : le PIB a chuté de 25 %, 605 établissements scolaires ont été fermés, le chômage a explosé et la dette publique est passée de 113 % en 2009 à 175 % en 2015. Pour lui l’audit n’est pas un mécanisme technique mais une stratégie permettant de renverser le rapport de force au profit des pays endettés face à  leurs créanciers en citant l’exemple de l’Equateur qui a choisi la justice sociale à la place de rembourser une dette  odieuse et illégitime.  De son coté Fathi Chamkhi, député du front populaire et responsable de Raid Tunisie, membre des Réseau Cadtm et Attac, est revenu sur la situation de la dette tunisienne.  Il a montré le poids de l’endettement dans la  loi de finances  2016, en rappelant que la dette est un mécanisme néocolonial; il a dénoncé les mensonges du gouvernement et des pseudo-experts économiques qui osent dire que la dette sert à payer les salaires des travailleurs tunisiens pénalisés par les grèves de l’UGTT.  Il a terminé son intervention en donnant les grandes lignes de la proposition de loi sur l’audit de la dette tunisienne, L’audit devrait être réalisé par un comité au sein de l’Assemblée, ouvert aux mouvements citoyens, qui examinera notamment tous les contrats des prêts depuis juillet 1986, date du premier programme d’ajustement structurel en Tunisie. Le dernier orateur dans cette conférence a été Omar Aziki,   secrétaire général d’Attac Cadtm Maroc membre du réseau Cadtm, qui a commencé par dévoiler  la propagande qui présente le Maroc comme une exception. Le Maroc est, en réalité,  sous la domination de la BM et du FMI. Ce dernier  réalise au moins trois visites par an pour  accélérer l’application de ses diktats néfastes  au gouvernement, qui, à son  tour, met en place des mesures d’austérité : la réforme des retraites, la suppression ou la diminution des subventions sur les produits de première nécessité (butane, farine, sucre) en échange de nouveaux prêts.  Il a mentionné aussi l’importance des luttes récentes au Maroc contre  ces politiques antisociales, sans oublier l’augmentation du remboursement de la dette qui représente, selon la loi de finances 2016, 82 % du PIB  et cela se fait au détriment des budgets destinés à l’éducation, à la santé publique  et à l’emploi. Enfin  le secrétaire général d’Attac Cadtm Maroc a affirmé l’importance de l’implication des mouvements sociaux dans la réalisation de l’audit de la dette au Maroc et en Tunisie.

La conférence s’est clôturée par la projection du célèbre discours de 1987prononcé par l’ex président du Burkina Faso, Thomas Sankara, sur la dette[2], suivi d’un extrait d’une pièce de théâtre qui retrace l’historique de la dette tunisienne.

La campagne pour auditer la dette tunisienne va se poursuivre dans toute la Tunisie  jusqu’au 17 janvier en passant par différentes  villes (Le Kef, Siliana, Sidi Bouzid et Gafsa du 8 au 11 janvier suivies de Kairouan, Sfax, et Nabeul du 15 au 17 janvier), afin de  rencontrer et sensibiliser  les gens  et pour  donner une dimension citoyenne au  processus d’audit.

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[1]-http://cadtm.org/Appel-des-parlementaires-europeens,6560

2- https://www.youtube.com/watch?v=e8PCuwBnhtk

 

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