Communiqués

Attac CADTM Maroc : La Samir , Crime économique d’Etat

La Samir : Crime économique d’Etat

–         Non à l’impunité des décideurs publics

–         Oui au redémarrage de la raffinerie sous contrôle populaire

Plus d’une année après l’arrêt de l’activité de la raffinerie de la Samir à Mohammedia, l’Etat continue à faire la stratégie l’autruche face à une crise économique majeur que traverse le pays. L’arrêt de La Samir renforce le poids du cartel des pétroliers et réduit à néant le semblant de souveraineté énergétique du Maroc. La situation actuelle est causée par la gestion catastrophique de ce dossier par l’Etat depuis 20 ans. Nous sommes bien face à un crime économique d’Etat qui risque de demeurer impuni, comme le sont ceux de la CNSS, la BNDE, le Crédit Agricole ou le CIH.

La crise actuelle trouve ses racines dans la décision de privatiser cette entreprise publique en 1997. Le bradage de ce fleuron stratégique national à une entreprise saoudienne, sans expertise, a été dénoncé par l’association en 2001 dans le cadre de notre campagne : « Privatisation : Stoppons l’hémorragie ».

La démission de l’Etat a continué crescendo avec l’absence de suivi du plan d’investissements prévu par le cahier de charges de la privatisation et l’absence de tout contrôle de la qualité des produits distribués sur le marché local qui continuaient à être dangereux pour la santé des citoyens. Les dépassements de l’actionnaire saoudien vont se poursuivre, encouragés par un silence complice de l’Etat. Ce qui nous a menés vers la catastrophe financière que représente La Samir, aujourd’hui. Une dette de 43 milliards de DH, dont 12 milliards de DH à l’égard de l’administration de la Douane. Les largesses de l’Etat n’ont pas été compensées par aucun effort pour l’assainissement de l’entreprise ou le respect des engagements en termes d’investissement et d’emploi. Le laxisme de l’Etat aidant, la faillite de La Samir était donc inéluctable. Le silence de l’Etat et sa frilosité dans ce dossier trouve aussi des explications dans la menace brandie par l’actionnaire saoudien de poursuivre le gouvernement marocain devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), organe de la Banque mondiale et au service des investisseurs privés.

Durant les quinze mois de l’arrêt de la raffinerie, ATTAC Maroc a suivi avec grande inquiétude la situation de l’entreprise et la dégradation continue des conditions de travail de ses salariés. De part notre position en tant qu’association d’éducation populaire, orientée vers l’action, nous avons participé aux mobilisations appelant au redémarrage de la raffinerie et la préservation des droits des travailleurs de l’entreprise. Depuis le début du processus de liquidation judiciaire en mars dernier, nous suivons ce nouveau feuilleton sans se donner de faux espoirs. Dans ce contexte, nous souhaitons réitérer nos positions au sujet de la crise de La Samir et nous demandons ce qui suit :

–         L’ouverture d’une enquête judiciaire pour statuer sur les responsabilités de nombreux acteurs dans ce dossier : Le ministère de l’Energie, les Finances, le CDVM, la Bourse de Casablanca et les cabinets d’expertise comptable mandatés par La Samir.

–         La nécessité de rendre public tous les documents relatifs à ce dossier : Le cahier charges de la privatisation, le contrat-programme Gouvernement-La Samir, les autorisations délivrés par le ministère des Finances en 2010 et 2012 au titre du droit d’enlèvement, l’audit de La Samir réalisé par le Tribunal de commerce de Casablanca, etc…

–         Le redémarrage du fonctionnement de la raffinerie sous un contrôle populaire et assurer la représentation des salariés au sein du conseil d’administration de la société par le biais de leurs représentants élus. Ce qui permettra d’éviter à nouveau des faillites, prendre en considération les intérêts de la population et atténuer les dégâts écologiques résultant des activités de la Samir dans la ville.

–         L’arrêt du processus de libéralisation du secteur des hydrocarbures qui profite qu’au cartel des distributeurs et des multinationales du pétrole.

–         Imposer une protection douanière pour favoriser le raffinage dans le pays, à travers une entreprise de raffinage publique.

–         La préservation de tous droits des employés de La Samir et ses filiales.

–         Le soutien à toutes les initiatives et actions du Front syndical au sein de société et du Front local pour le redémarrage de la Samir

–         L’appel à toutes les organisations civiles et politiques pour se mobiliser pour sortir ce dossier stratégique de la léthargie actuelle.

Le secrétariat national

Le 26 novembre 2016

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