Luttes

Réussite de l’Université d’été d’ATTAC CADTM Maroc

ATTAC CADTM Maroc a organisé son université d’été à Tanger les 29, 30 et 31 juillet 2022 sous le slogan : « pas de modèle de développement qui garantisse la souveraineté populaire sans une rupture avec le modèle capitaliste.

La conférence publique d’ouverture

Elle a été organisée, le vendredi 29 juillet 2022, au local de la Confédération démocratique du Travail (CDT). ATTAC CADTM Maroc collabore avec ce syndicat et plusieurs de ses adhérent·e·s y militent.

Près de 70 personnes ont participé à cette conférence.

Photo 1 : la conférence publique

Deux exposés ont été présentés. Le premier sur la crise du capitalisme, et le deuxième sur les organisations de lutte.

La crise multidimensionnelle du capitalisme dans sa phase néolibérale

La crise systémique du capitalisme s’accentue. Le secteur financier s’atrophie et les risques d’une explosion d’une bulle financière sont de plus en plus probables avec une marge très réduite pour sa régulation.  Dans le contexte de la crise sanitaire et la guerre contre l’Ukraine, l’inflation a considérablement augmenté. Les banques centrales (BCE et Fed) ont relevé les taux d’intérêt directeurs. La dette sera plus chère pour les pays les plus endettés et plusieurs d’entre eux risquent d’être effondrés.

La crise environnementale devient de plus en plus irréversible. Les cartes des températures élevées et des incendies qui embrasent les forêts du monde montrent une planète qui brûle.

Les flammes de l’inflation et des incendies touchent les populations les plus démunies. Ces dernières souffrent également de la faim et de la malnutrition dans le contexte de crise alimentaire mondiale aiguë.

Les réfugié·e·s des guerres et des conflits géostratégiques s’ajoutent aux réfugié·e·s climatiques. L’injustice sociale et économique se combine à l’injustice écologique.

Les organisations de lutte

Les grandes luttes à l’échelle internationale comme Black Lives Matter, paysans en Inde, mobilisations pour les changements climatiques, grèves féministes, etc. souffrent d’un manque de perspective politique globale. Les mouvements politiques de l’extrême droite s’élargissent. Au niveau de la région de l’Afrique du Nord et Moyen Orient (MENA), la vague des soulèvements populaires depuis 2011 est en phase de recul. La contre révolution et le despotisme politique avancent. Au Maroc, le cycle de lutte ouvert par le mouvement du 20 février 2011, a été relativement fermé par la forte répression du Hirak du Rif. Les luttes sociales continuent, mais restent éparpillées. Les organisations syndicales sont très faibles. Les restrictions des libertés augmentent les difficultés des organisations de lutte.

L’espoir n’est pas pour autant perdu. Nous sommes déterminés à continuer notre résistance contre le capitalisme et contre le despotisme politique. 

Une dizaine d’interventions dans la salle ont enrichi les dimensions de la crise du capitalisme et ses violences contre l’environnement et les populations ainsi que les perspectives de sortie de cette crise.

Interventions des familles des détenus politiques

C’était un moment très fort de la conférence. Le père et la mère d’Omar Radi ont apprécié l’initiative d’ATTAC CADTM Maroc de donner le nom de leurs fils à l’Université d’été. Ils ont dénoncé fortement le maintien en détention d’Omar, condamné à six ans de prison ferme. Leur engagement pour sa libération s’insère dans le grand combat pour la liberté de tous les prisonniers d’opinion au Maroc, et pour la justice sociale.

Photo 2 : La mère d’Omar Radi
Photo 3 : le père d’Omar Radi

Les paroles des deux sœurs du détenu Noureddine Aouaj, condamné à deux ans de prison ferme, ont été très émouvantes. Elles ont exprimé leur joie d’être présentes dans cette université qui fortifie leur confiance et leur espoir.

Photo 4 : la sœur de Noureddine Aouaj

La conférence a été clôturée par des slogans scandés par les jeunes militant·e·s très enthousiastes et par une ambiance de solidarité et d’optimisme.

Les ateliers

Deux ateliers ont été organisés le samedi 30 juillet :

Quel développement ?

Dans la matinée, le premier atelier a fait ressortir les limites du « modèle de développement » annoncé officiellement au Maroc en mai 2021. Il repose sur une accélération des réformes libérales pour améliorer le climat des affaires et ouvrir aux multinationales plus d’opportunités d’investissements. Ses coûts économiques, sociaux et environnementaux seront payés principalement par les salarié·e·s, les petits producteurs et les couches pauvres de la population. Une grande partie de son financement est liée à l’endettement.

Les discussions ont porté la notion même du développement dans le cadre du capitalisme et les alternatives au niveau international et régional. Ces dernières ne seront réelles que par une rupture avec le capitalisme, avec sa logique de profit et de marchandisation de la nature et de toutes les activités humaines. A travers son travail d’éducation populaire et son engagement aux côtés de ceux et celles d’en bas, ATTAC CADTM Maroc contribue à donner une perspective anticapitaliste aux mobilisations sociales. Ses principales revendications pour l’annulation de la dette publique et celle privée des couches populaires, des accords de libre-échange, contre le despotisme politique, etc. ne sont que des étapes nécessaires vers un programme radical de lutte beaucoup plus global qui reposera sur une rupture avec les diktats de la Banque mondiale, du FMI et de l’OMC, la socialisation des banques, et l’instauration d’une démocratie basée sur la souveraineté populaire.

Priorités stratégiques dans le contexte post-Covid

Le deuxième atelier dans l’après-midi a abordé la question de la valeur ajoutée militante d’ATTAC CADTM Maroc dans le contexte actuel.

L’identité d’ATTAC CADTM Maroc construite sur plus de deux décennies est visible par ses priorités stratégiques concrétisées dans ses thématiques de travail : dette, accords de libre-échange, écologie, souveraineté alimentaire, féminisme, dimension régionale et internationale dans le réseau CADTM, et despotisme politique.

Ses priorités sont plus actuelles dans le contexte de crise du capitalisme globalisé, et plus spécifiquement celui de Covid et l’invasion de l’Ukraine. En même temps ses difficultés pour un enracinement large sont énormes : absence d’un engagement anticapitaliste pour la majorité des organisations de lutte, consensus libéral large autour du régime politique et durcissement de la répression contre les mobilisations et les voix opposantes, modestie des forces propres de l’association, le non renouvellement de son récépissé légal et les limites qu’il pose à nos activités (ouvrir un compte bancaire, accès aux salles publique, etc.). Les possibilités pour surmonter ces obstacles résident dans la perspective d’une nouvelle montée des mobilisations sociales qui pourront inaugurer une nouvelle phase de soulèvement populaire non pas seulement au Maroc mais à l’échelle de toute la région MENA/arabe.

L’atelier du dimanche 31 juillet :

Nécessité d’être anticapitaliste aujourd’hui

Cette nécessité découle de l’analyse de la crise multidimensionnelle du capitalisme globalisé et ses répercussions sociales et écologiques. Ce capitalisme destructeur n’est pas une fatalité. Une autre alternative est possible. Un autre Maroc est possible et nécessaire comme on le répète toujours à ATTAC CADTM Maroc. Il le sera par des mobilisations organisées de toutes les catégories des exploité·e·s et des opprimé·e·s. Notre rôle à ATTAC CADTM Maroc est d’accompagner les expériences de lutte de ces derniers-ères et de contribuer à la réflexion collective aux nouvelles formes d’organisation qui permettront aux nouvelles générations de prendre en mains leurs revendications et leur destin.

Cette université d’été a été un exemple d’espaces de réflexion, d’éducation, de partage, et d’auto critique. Nous sommes convaincu·e·s que la lutte contre la capitalisme est l’unique issue pour construire un autre monde de liberté, de justice sociale et environnementale.

L’université a été clôturée par une petite cérémonie de musique et de joie.

Participant·e·s

52 personnes dont 17 femmes représentants 9 groupes locaux d’ATTAC CADTM Maroc ont participé à cette Université.

L’Université est bien réussie. Elle a eu un large écho sur les réseaux sociaux. Elle a également suscité l’intérêt de quelques personnes qui ont demandé d’adhérer à l’association.

Plus de photos et de vidéos dans la page Facebook d’ATTAC Maroc :

https://web.facebook.com/attac.maroc/

Groupe d’information

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