Attac Maroc

Engageons-nous dans toutes les formes de lutte et de mobilisation contre la hausse des prix et pour une augmentation des salaires et des subventions à la consommation

ATTAC CADTM Maroc

Engageons-nous dans toutes les formes de lutte et de mobilisation contre la hausse des prix et pour une augmentation des salaires et des subventions à la consommation

19 février 2023

Le Maroc connaît une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des services. La population se mobilise. Il y a des appels des syndicats à des sit-in et des marches de protestation ce week-end, et aussi celui du Front social marocain (collectif social) en commémoration du 12ème anniversaire du mouvement du 20 février (grand mouvement de contestation social né au Maroc en 2011 dans le contexte des soulèvement populaires qui ont embrasé la région de l’Afrique du Nord et Moyen Orient/région arabe).

ATTAC CADTM Maroc participe à cette mobilisation sous le slogan :

Engageons-nous dans toutes les formes de lutte et de mobilisation contre la hausse des prix et pour une augmentation des salaires et des subventions à la consommation.

Elle expose dans son communiqué ci-dessous les causes de la hausse des prix et réitère ses positions et ses revendications.

Le Maroc connaît une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des services. La population exprime son mécontentement de plusieurs manières, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou en participant à des sit-in et à des marches de protestation. Elle accuse principalement le gouvernement. Ce dernier met en œuvre les politiques libérales et tente de les dissimuler par des mesures disparates ou de faire porter la responsabilité aux spéculateurs.

Les véritables causes de la hausse des prix sont dues à la dépendance économique, alimentaire et énergétique liée aux politiques néolibérales encadrées par la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) et appliquées par les gouvernants de notre pays.

Depuis l’ajustement structurel du début des années 80, l’essentiel de ces politiques est basé sur la focalisation des secteurs productifs, dont l’agriculture, sur l’exportation en fonction des exigences du marché mondial au détriment des besoins vitaux de la population. D’autre part, elles reposaient sur la dépendance aux importations des produits de l’industrie, de denrées alimentaires de base et de produits énergétiques.

Ces politiques se sont élargies avec l’engagement de l’État, depuis le milieu des années 90, dans une série d’accords de libre-échange supervisés par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour ouvrir les frontières à la libre circulation de marchandises et de capitaux étrangers, ce qui a affecté négativement le tissu économique et ruiné les petits producteurs. La privatisation préconisée par l’OMC comprenait les services publics tels que la distribution d’eau et d’électricité, les transports urbains, les services de santé, l’éducation, etc. L’État a soutenu le grand capital étranger et local qui a accaparé les terres agricoles, l’eau, les forêts, les ressources halieutiques et minières. Il a également facilité l’investissement privé dans les services publics. Depuis 2015, à la demande de la BM et du FMI, l’État a libéralisé les prix des carburants et les a soumis aux fluctuations du marché mondial, et on voit que leur prix a doublé. Cet accaparement capitaliste a permis le développement de grands monopoles au niveau de la production, de l’exportation et de l’importation. Les produits de premières  nécessité sont alors liés à ces monopoles spéculateurs aux niveaux local et international.

Ces monopoles ont accumulé d’énormes profits privés grâce à leur domination du marché, au contrôle des prix et à la spéculation. Cela est bien visible dans l’augmentation des milliardaires au Maroc dans les secteurs de l’agriculture, des hydrocarbures, des écoles et des hôpitaux privés, de la pêche, des transports, de l’immobilier, etc. Ces profits viennent des poches des classes populaires dont les conditions de vie se sont très gravement détériorées : la classe ouvrière, les petits producteurs, les couches laborieuses du secteur dit informel, et toutes les catégories des sans-emploi, notamment jeunes et femmes. Ces classes subissent la hausse des prix à un moment où l’État a fixé un salaire minimum faible avec un système de protection sociale maigre. L’État a réduit le budget de la caisse de compensation (subventions aux produits de première nécessité) et s’apprête maintenant à supprimer les subventions sur le gaz butane et le sucre. Cela signifie que le principal plat alimentaire de la population marocaine, comprenant les céréales, l’huile, le sucre et le gaz butane, ainsi que la viande rouge et blanche, est devenu de plus en plus lié aux bourses mondiales contrôlées par les grands spéculateurs, et est directement affecté par toute crise mondiale, alimentaire, énergétique ou financière. Cela a pris un caractère structurel compte tenu des dispositions des accords de libre-échange avec l’Union européenne et les États-Unis, dans lesquels il n’y a plus de restrictions majeures liées aux produits agricoles et alimentaires. Les petits paysans du pays s’appauvrissent sévèrement en raison de leur marginalisation par l’État, du coût élevé des intrants agricoles, de leur endettement et de l’expansion massive du grand capital dans l’agriculture. Dans son modèle de développement, l’État parie sur l’expansion du secteur privé dans les services publics, notamment dans la santé et l’éducation, ce qui fera augmenter d’avantage les prix.

La hausse des prix que connaît actuellement le Maroc s’aggrave à la lumière de la crise mondiale multidimensionnelle qui s’est accentuée avec la pandémie et l’agression russe contre l’Ukraine, et a été caractérisée par l’augmentation des prix du pétrole, du gaz et d’autres produits. La crise alimentaire qui a commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine n’est pas due à une pénurie de céréales, car la récolte mondiale de céréales a atteint son plus haut niveau en 2021. Elle est liée à la domination des grandes entreprises capitalistes sur le commerce et la distribution de produits alimentaires et agricoles en les transformant en un marché hautement spéculatif, tirant ainsi profit de l’explosion des prix. Quatre sociétés transcontinentales de pays industrialisés contrôlent 70 % du marché mondial des céréales et réalisent d’énormes profits.

Les guerres commerciales soutiennent l’hégémonie des entreprises transcontinentales qui imposent la suppression de toutes les barrières à la circulation des marchandises, et généralisent ainsi des prix élevés aux pays du Sud, dont le Maroc.

Dans le contexte de la crise mondiale actuelle, les conséquences de la dépendance économique du Maroc liée aux politiques libérales se concrétise à nouveau. Le déficit global de la balance commerciale, ainsi que la facture élevée de l’énergie, des denrées alimentaires, des produits agricoles, industriels et autres, se sont aggravés dans un contexte de ralentissement de l’économie et de diminution des recettes de l’État. Les subventions et la réduction d’impôts pour les grands capitalistes se répercutent directement sur le budget public. D’où le recours croissant à l’endettement. La dette publique a atteint des niveaux énormes. Ses conditionnalités sont de plus en plus dures en imposant des mesures d’austérité et en s’attaquant aux acquis des salarié.e.s et des couches populaires de ce pays, dont une grande partie souffre du poids de dettes privées, principalement les microcrédits.

Nous, ATTAC CADTM Maroc, en évoquant l’ampleur de la crise économique et financière actuelle que l’État veut faire supporter aux salarié.e.s, aux petits producteurs et à la grande majorité de la population à travers la hausse des prix, la baisse des salaires réels, le chômage et la pauvreté, nous réaffirmons nos positions :

Nous à ATTAC CADTM Maroc :

Secrétariat national

18 février 2023

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