Attac Maroc

Attac CADTM Maroc et Anfass democratique : Bilan de la coalition et du gouvernement Benkirane : 4 ans d’actions 2012-2015

Bilan de la coalition et du gouvernement Benkirane :

4 ans d’actions 2012-2015

« Le programme du gouvernement a retenu le volontarisme et l’ambition, s’est basé sur des objectifs chiffrés, des mesures réalistes et réalisables ayant un impact sur la vie quotidienne du citoyen et un effet direct au profit de notre pays et des générations futures, en réponse aux aspirations et aux attentes des citoyennes et des citoyens dans le cadre de la mise en œuvre démocratique et participative des dispositions de la constitution. De ce fait, il s’agit d’un contrat politique et moral renouvelé, fondé sur la réalisation permanente de ses engagements et l’exécution de ses promesses, appuyé en cela sur la participation et la confiance des électrices et des électeurs, dans un cadre de rattachement de l’exercice de la responsabilité à la reddition des comptes. Nous nous attèlerons, avec l’aide de Dieu, à son exécution sous le contrôle du Parlement, avec l’appui et l’aide de tous. Nous rendrons compte à l’ensemble des citoyennes et des citoyens à la fin de la législature, soucieux en cela de préserver la crédibilité des élections et l’efficience des institutions et désireux de garantir cet avenir prometteur auquel aspirent tous les marocains, … »

Déclaration gouvernementale, Janvier 2012.

 

Préambule :

Le mouvement Anfass Démocratique, mouvement politique marocain, s’était assigné, depuis sa constitution en 2013, l’année 2030 comme horizon temporel pour que « Le Maroc que nous voulons » soit un réalité et que notre pays puisse, « parachever rapidement sa transition du système du Makhzen traditionnel à un système de monarchie parlementaire démocratique, où le roi règne et ne gouverne pas ,[…] un système tirant sa légitimité du peuple tout en respectant les principes de séparation de pouvoirs, de reddition des comptes et de contrôle populaire ».

Toutefois, lors de la dernière assemblée du mouvement le 10 Octobre 2015, il était pertinent pour nous de faire remarquer que sur « le plan politique, on note que le processus dit de transition démocratique s’éternise sans horizon temporel ni contours conceptuels clairs  En dépit de l’instauration des élections comme moyen régulier de désignation et de légitimation des responsables et des institutions, les réalisations concrètes de ce processus restent, elles, en deçà des attentes, notamment en matière de séparation de pouvoirs, de consolidation des institutions et de reddition des comptes ». (Déclaration finale de la 1ère assemblée générale).

Dès lors, notre mouvement s’inscrit activement dans cette perspective et se propose de réaliser un nouvel exercice nécessaire à la construction et la contractualisation démocratique : le bilan du gouvernement et de sa coalition en rapport avec les programmes électoraux présentés aux élections du 25 Novembre 2011 et la déclaration gouvernementale présentée au parlement en Janvier 2012.

Attac Maroc, membre du réseau du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-monde (CADTM), est un mouvement d’éducation populaire tournée vers l’action, elle est très engagée sur le terrain des luttes au Maroc contre la mondialisation capitaliste et la domination des IFI et les grandes puissances. ATTAC Maroc veut être un espace de réflexion critique permettant de déchiffrer les mécanismes et conséquences de l’offensive néolibérale sur notre propre réalité sociale dans les différents terrains où elle s’exerce. ATTAC lutte pour « une autre mondialisation, loin de toute logique de repli, fondée sur la solidarité entre les peuples pour que demain soit synonyme de justice sociale, de démocratie, de dignité, de développement solidaire dans un monde qui soit autre chose qu’un marché. Pour Attac Maroc, les politiques publiques sont la traduction fidèle des « recommandations » des institutions financières mondiales et des puissances néolibérales.

 

Méthodologie et textes de référence :

Afin  d’«évaluer » les réalisations du gouvernement sur les 4 années passées dans la gestion des affaires de l’Etat, nous avons choisi 15 indicateurs de différents domaines (politique, social, économie, culture et écologie) qui reflètent, selon nous, les enjeux et attentes des citoyens. Nous avons examiné les programmes électoraux des partis de la coalition dans ses deux versions (PJD, MP, PPS, PI & RNI), et la déclaration gouvernementale pour illustrer aussi bien  « promesse électorale » que « l’engagement gouvernemental », pour « quantifier » les indicateurs choisis et pouvoir ainsi les comparer à la réalisation fin 2015 et les projections de 2016.

 

 

Bilan :

  1. Taux de chômage / création d’emploi.

 

 

 

 

  1. Taux de pauvreté.

 

 

Sur cet indicateur, ni les objectifs déclarés dans les programmes électoraux ni la déclaration gouvernementale ne sont atteints !

  1. Part supportée par les ménages sur 100Dh de dépenses de santé.

 

 

 

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Classement du Maroc dans l’Indice de Développement Humain.

 

 

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Taux d’analphabétisme.

 

 

Sur cet indicateur, ni les promesses électorales ni la déclaration gouvernementale ne sont atteintes !

 

  1. Déficit budgétaire.

 

 

Verdict  : Ce chantier a constitué une priorité aveugle et obsédée du gouvernement. En l’absence de toute politique publique claire, le gouvernement a démantelé toutes les mesures de compensation sans aucune contrepartie sociale en faveur des couches démunies. Il a aussi réduit le budget d’investissement et celui de tous les secteurs sociaux. Malgré une réforme fiscale annoncée en grande fanfare, le gouvernement a manqué de courage pour réformer les impôts pour plus d’équité sociale et de réduire les dépenses fiscales, Il a surtout œuvré à défendre et instaurer pendant 2 ans une taxe inconstitutionnelle sur les revenus salariaux, pour des raisons sociales annoncés.

Sur cet indicateur, les promesses électorales et la déclaration gouvernementale n’ont pas été tenues, mais une réduction significative a été observée !

  1. Taux d’endettement (% du PIB).
    • Valeurs en 2010/2011 :62%.

Sur cet indicateur, seules le MP et le RNI, du programme APD ont promis de réduire le taux à 50%, ce qui est loin d’avoir été atteint !

  1. Taux de croissance du PIB.
    • Valeurs en 2010/2011 :5%.

Sur cet indicateur, on voit bien l’absence de réalisme dans les programmes électoraux ! Quand le PJD, principal parti de la majorité gouvernemental promettait 7% de croissance, le chef de gouvernement ramène à la baisse à 5,5%, ce qui est loin d’être atteint avec les 2,6% projeté pour 2016 ! Noter que même les ambitions, tout en étant farfelues, et dénuées de tout argumentaire, restent bien en deçà de ce dont le Maroc a besoin pour pouvoir maintenir un niveau de création d’emplois qui limite le chômage.

  1. SMIG taux horaire exonéré.

 

Noter que le Smig n’est désormais pas exonéré, puisque dans les différentes lois des finances n’ont pas relevé le seuil d’exonération.

 

  1. Budget de la culture (en % du budget général).

 

 

  1. Classement du Maroc dans le rapport Transparency.

 

 

 

  1. Part des énergies renouvelables.

 

  1. Stratégie en matière de plans sectoriels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Réforme de la caisse de compensation.

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Parachèvement de la réforme constitutionnelle
    • Valeurs en 2010/2011 : La constitution de 2011 prévoit 18 lois organiques et 10 instances constitutionnelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusions :

« Les Promesses n’engagent que ceux qui y croient », semble être la citation préférée de l’ensemble de la classe politique marocaine, qu’elle soit aux affaires ou dans l’opposition.  Au moment même de la déclaration gouvernementale, un décalage flagrant avait été constaté entre les promesses électorales et le programme qu’une coalition contre nature semblait vouloir s’engager à porter lors de la présente législature.

D’un autre côté, la majorité parlementaire issue des élections post réforme constitutionnelle s’était également engagée à mener le chantier des réformes institutionnelles nécessaire pour la mise en œuvre de la nouvelle constitution que les partis avaient unanimement applaudi. Force est de constater qu’à quelques mois de la fin de la législature, beaucoup de textes fondateurs et de lois organiques manquent encore pour donner corps aux différentes institutions, organes, et concepts de la constitution 2011. Pire encore, le chef de gouvernement a volontairement délaissé ses prérogatives dans un processus qualifié par une conférence Anfass comme « une lecture avancée  et pertinente de la constitution de 96 et non du document constitutionnel de 2011 !! ». Meilleur exemple d’illustration : « loi organique relative à la nomination aux hautes fonctions », où le chef de gouvernement a considéré (pour exemple) l’agence d’aménagement du Lac de Martchika comme « établissement stratégique » !!! Le Mouvement Anfass démocratique avait formulé précédemment la recommandation de publier les délibérations et réunion d’écoute de la « commission royale chargée de la réforme constitutionnelle » afin d’illustrer le « contexte constituant » nécessaire à toute interprétation du document constitutionnel.

Pour Attac Maroc, le dernier rapport sur la dette au Maroc illustre que « La crise du capitalisme mondial a des effets directs sur l’économie marocaine. Les faillites et la fermeture des unités industrielles, les licenciements massifs, la hausse du chômage, la généralisation des politiques d’austérité ont atteint un niveau inégalé, spécialement dans les pays développés. Ces facteurs amplifient la récession en cours de l’activité économique … Cette situation dans les pays du Nord n’est pas sans dégâts dans les pays du Sud comme le Maroc. Notre économie est intégrée à la zone Euro. Dans cette relation de dépendance, le Maroc se trouve dans une position de faiblesse. L’économie du pays est totalement inféodée au capitalisme international et aux grandes puissances».

Pour Anfass et Attac, les politiques publiques au Maroc sont le fruit de pressions des institutions économiques internationales (FMI, BM et OMC) qui renforcent encore l’orientation libérale des politiques mises en œuvre et nous imposent les politiques néo-libérales pour garantir les intérêts des multinationales et le remboursement de la dette. Les gouvernements se succèdent, mais les vraies politiques néolibérales continuent de sévir, et ceci aura un impact sur la vie quotidienne. Celui-ci ne s’évalue pas uniquement en points de PIB ou autres indicateurs, mais aussi en termes de conditions sociales, de respect des droits des travailleurs et des citoyens, de sauvegarde et protection de l’environnement, et en dernière analyse de défense de notre souveraineté, souveraineté alimentaire, souveraineté économique et souveraineté politique.

Enfin, il est tout à fait clair que la classe politique élue au lendemain du « printemps Marocain », ne semble pas avoir rompu avec une certaine manière de faire de la politique. Le débat politique, au sein des institutions et en dehors, a atteint durant ces dernières années, un niveau de bassesses rarement égalés, même durant les heures les plus sombres de l’histoire politique de ce pays. Par ailleurs, la « politique au Maroc se résume à la gestion de la proximité avec le Palais », au lieu d’être une mission de servir l’intérêt des citoyens.

En conclusion, et eu égard l’examen des indicateurs susmentionnés, la coalition gouvernementale a échoué dans l’atteinte des objectifs qu’elle s’est assignée en début de législature, et de surcroit, les promesses électorales n’ont pas été atteintes ! Le Mouvement Anfass Démocratique avait publié un « communiqué d’observations essentielles concernant l’installation du gouvernement Benkirane II » où il fait remarquer, entre autres, « la poursuite de la bourde politique  à travers l’alliance de 2 partis ayant présenté en 2011 2 programmes antagoniques et échangé  accusations et insultes, ce qui pousse le citoyen marocain à se demander l’utilité des élections et la confrontation de projets, et l’accule à l’abstention ».

 

22 Janvier 2016,

—Mouvement Anfass Démocratique – حركة انفاس الديمقراطيةwww.anfass.mahttps://www.facebook.com/anfassmarochttps://twitter.com/AnfassDemohttps://www.youtube.com/channel/UC63g7SezG052P2EJsmo5Mwg

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